13 novembre 2016
Compte-rendu du Stage
Pratique et réflexion sur la question
du handicap dans les passages de grade Dan
Dimanche 13 novembre nous avons organisé une rencontre autour de la question du handicap dans les passages de grades dan.
Nous remercions tous les participants à cette rencontre qui pour certains d’entre eux sont venus de loin (Corse, Belgique) afin de s’associer à cette réflexion collective, qui nous l’espérons ne restera pas lettre morte, mais pourra se poursuivre à tous les niveaux décisionnels des instances fédérales en charge de la réglementation des examens des grades dan.
Nous avons débuté cette rencontre par un moment de pratique animé par notre ami Chinh Trinh qui comme chacun le sait pratique et enseigne l’Aïkido malgré son handicap.
Nous avons ensuite organisé des sous-groupes de réflexion sur trois thématiques :
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Dans quelle mesure la nomenclature de la CSDGE prend-elle en compte la question du handicap ?
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Quelles modifications du protocole des examens de grades dan seraient envisageables pour permettre l’accueil des pratiquants handicapés ?
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Quelles seraient les innovations possibles à mettre en œuvre qui favoriseraient l’inclusion des handicapés au cours des stages fédéraux et lors des passages des grades dan ?
Chacune de ces réflexions en sous-groupes a ensuite fait l’objet d’une présentation au cours de laquelle tous les participants ont pu tout à la fois échanger et controverser, dans le but de construire collectivement un document de synthèse (voir ci-dessous).
Encore une fois, nous remercions celles et ceux qui nous ont fait confiance et qui ont su donner de leur temps animé par le souci de l’Autre.
N’est-ce pas un peu pratiquer l’Aïkido que de soucier de son partenaire ?
Compte rendu des réflexions et propositions
des trois sous-groupes
1. Dans quelle mesure la nomenclature de la CSDGE prend elle en compte
la question du handicap ?
Rapporteur : François Emeriau
La question revient à définir ce qui relève de l’incontournable et de l’immuable de l’Aïkido ?
1ère proposition : Changer la progression technique touffue, trop chargée et non adaptée et pour les Kyu et pour les Dan.
2ème proposition : Les jurys d’examen doivent prendre conscience de la manière dont se présente le candidat, révélant son état d’esprit.
3ème proposition : Adapter le choix des contraintes (attaques) selon le grade brigué.
4ème proposition : Le handicapé pourrait proposer le panel de techniques adaptées à son handicap.
2. Quelles modifications du protocole des examens de grades dan seraient envisageables pour permettre l’accueil des pratiquants handicapés ?
Rapporteur : Eliseo Castillo
Passage de grade ou compétition ?
Notre début de discussion s’est orienté sur la nature même du passage de grade, sur la manière dont il pouvait être perçu. Notre discipline se veut non compétitive et devrait donc permettre à chacun de venir avec son « bagage physique » et de progresser, d’évoluer sans nécessairement avoir à performer. Se pose donc la question des critères d’évaluation : passer un grade face à des enseignants qui ne connaissent pas le pratiquant et qui doivent évaluer en une quinzaine de minutes...
Nous avons donc échangé sur :
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la formation des jurys
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la composition des jurys : pourquoi le senseï du pratiquant n’en ferait-il pas partie ?
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la légitimité des enseignants : le niveau demandé pour enseigner en France est élevé, pourtant on ne reconnait pas à l’enseignant la possibilité de délivrer des grades.
Formation / validation d’une personne handicapée en tant qu’enseignant(e).
Nous nous sommes également interrogés sur la question de la formation et la validation d’une personne handicapée en tant qu’enseignant. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Faut-il adapter le protocole en fonction du handicap ?
Adapter le protocole en fonction du handicap mais sans créer de discrimination. Le pratiquant souffrant d’un handicap doit pouvoir s’exprimer au sein de n’importe quel groupe de pratiquants et c’est donc au jury de prendre le temps de s’informer, peut être plus longuement que par une simple question avant le passage, sur les capacités physiques ou mentales du candidat.
Cette question renvoie au débat évoqué en 1).
Des propositions de présentations de dossiers médicaux devant une ou des commissions au moment de s’inscrire au passage ont été évoqués. Quoiqu’il en soit, cela nous ramène au fait qu’il faut avoir une meilleure connaissance de l’autre et donc à une sensibilisation nécessaire.
Une sensibilisation nécessaire du public assistant au passage.
Cette sensibilisation devrait également être faite auprès du public qui assiste au passage ou même des autres pratiquants. Expliquer que les critères d’évaluation peuvent être adaptés mais que les principes évalués sont les mêmes. Cela éviterait des remarques désobligeantes mais également une sorte de condescendance malsaine.
Prendre en compte ce qui se fait dans d’autres disciplines : l’exemple du patinage artistique.
Pourquoi à ce moment là ne pas aller voir ce qui se fait ailleurs. L’exemple du patinage artistique qui permet de présenter un programme libre mais avec des figures pourtant connues et appartenant à nomenclature précise pourrait servir de base de travail à notre réflexion.
En fin de compte, la question du handicap dans les passages de grades nous a permis de réfléchir sur le concept même de « passage de grade », pour personnes valides ou pas.
3. Quelles seraient les innovations possibles à mettre en œuvre qui favoriseraient l’inclusion des handicapés au cours des stages fédéraux et lors des passages
des grades dan ?
Rapporteur : Chinh Trinh
Recensement des déficiences :
Visibles : amputés – polyos – hémiplégiques…
Non visibles : malentendants – malvoyants – autistes – brochés – trachées – cancers – séquelles post fractures – arthroses…
Préparations :
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Proposer nomenclature, puis selon déficiences, éliminer mouvements non faisables, constituer nomenclature personnifiée, la pratiquer en vue passage de grades, communiquer cette nomenclature aux jurys.
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Les mouvements peuvent être adaptés tout en respectant les principes fondamentaux : placement, déplacement, shiseï, ma-aï, irimi, centrage, kokyu…
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Stage d’une semaine, ou grand stage d’une journée, ou plusieurs stages d’une journée au cours de laquelle la personne est en contact avec le dirigeant de stage (DTR) ou des hauts gradés qui font un travail spécifié avec elle et peut en juger si elle est apte à passer ou non le grade demandé, avant le passage.
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Le prof l’accompagne au passage.
Innovations :
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Personne handicapée HDC* peut-elle être uke en tout ou une partie ?
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Une personne HDC* peut-elle avoir un grade de haut niveau ?
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Pas de Handi Aïki : risque de séparer les 2 publics valides et non valides.
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Au passage de grades, une personne HDC* peut compenser et exprimer avantageusement
sa prestation avec : kiaï, -
Une personne HDC* peut avoir son ou ses Uke ?
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Tori valide doit travailler un moment avec une personne HDC* en plus des autres uke, à évaluer comme un critère.
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Passage plus court en temps.
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Privilégier jyu waza, démonstrations.
*HDC : personne en situation d’handicap, qui indique l’état de la personne à un moment donné de sa vie, qui lui laisse une ouverture d’évolution positive (compréhension, acceptation, guérison…).