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Interview Bernard Rosticher

                                Bernard Rosticher, 85 ans : 

                                témoignage d'un pratiquant d'un

                                « autre âge »

​

Suite à des blessures survenues lors de l'examen de monitorat de Judo, Bernard Rosticher découvre l’Aïkido. Il débute ses premiers cours en 1974, à l’âge de 42 ans et depuis il n’a jamais cessé de pratiquer.

 

Aïkido Echange et Controverse (AEC) : Bernard, comment es-tu arrivé vers la pratique de l’Aïkido ?

Bernard Rosticher : J'ai découvert en 1959 les Arts Martiaux au club de Judo de l'entreprise où je travaillais. J'ai pratiqué cette discipline durant une quinzaine d'années. Après l'obtention du 1er dan j'ai préparé le monitorat fédéral et c'est au cours du stage de préparation que j'ai découvert l’Aïkido.

A l'époque (en 1974) quand on préparait un monitorat de Judo, on était obligé de présenter des notions d'Aïkido et de Karaté donc j'ai suivi à l'époque des stages de préparation au cours desquelles j'ai rencontré Louis Clèriot et Max Mazzone qui m'ont fait découvrir ces deux disciplines qui étaient reliées à l'époque à la Fédération Française de Judo (FFJDA). J'ai pratiqué l'Aïkido et le Karaté durant une année à raison d'un stage par mois tout en continuant le Judo.

En préparant le monitorat, lors d'un randori j'ai été blessé et j'ai fini mon parcours à l'hôpital. Au cours de ma rééducation j'ai fait la connaissance d'un kinésithérapeute pratiquant d'Aïkido qui m'a proposé de venir dans son club. C'est là que j'ai rencontré Jo Argiewicz qui était le professeur du Club de Fontainebleau. J’ai suivi ses cours au Club et également dans les stages, puis j'ai arrêté le Judo suite à de nombreuses blessures en compétition.

 

AEC : En tant que pratiquant de judo, qu’est-ce qui t’a séduit dans la pratique de l’Aïkido à ce moment-là ?

Bernard : Ce qui m'a séduit dans l'Aïkido c'est l'absence de compétition. A cette époque l'Aïkido était assez physique mais j'ai continué car j'avais des capacités pour ça. Et puis j'ai progressivement compris que l'Aïkido prolongeait le judo. En effet on avait besoin de moins de force, la technique était plus axée sur le déplacement et la fluidité. J'ai eu beaucoup de mal au début de passer de la pratique du Judo d'opposition à une pratique basée sur l'esquive, j'avais les épaules complètement bloquées. Mon professeur m'avait emmené voir Maître Tamura et aussi Christian Tissier à Vincennes et tout doucement j'ai évolué comme ça. J'ai passé mon 1er Dan au bout d'un certain nombre d'année avec Mariano Aristin. J'ai fait la connaissance de Bernard Palmier au Rameikan à Paris et j'ai passé mon 2ème Dan au bout de 17 ans de pratique.

Après l'obtention du grade de 1er dan, j'ai créé en 1981 un club d'Aïkido adultes et enfants au sein de la MJC (ndlr : Maison de la Jeunesse et de la Culture) de Nemours où j'ai enseigné jusqu'en 1990. Au cours de cette période, j'ai présenté mon 2ème dan ainsi que le brevet fédéral et le Brevet d’Etat 1er degré.

 

AEC : Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’enseigner l’Aïkido ?

Bernard : Je connaissais des copains là où j'habitais à Nemours et qui pratiquaient le Judo. Certains d'entre eux étaient blessés et avaient arrêté le Judo. En parlant avec eux de ma pratique de l'Aïkido et du passage de mon 1er Dan je leur ai donné envie d’essayer. Ils ont alors essayé et ont été conquis !

C'est sous le parrainage de Jo Argeiwiez que j'ai ouvert un club à Nemours avec les copains. De fil en aiguille, d'autres pratiquants sont venus et au bout d'un moment, certains pratiquants qui avaient des enfants ont demandé si c'était possible d'ouvrir une section enfants en plus de la section adultes. Et puis j'ai fait la connaissance d'Arnaud Waltz qui enseignait à Aubervilliers on s’est lié d'amitié et je l'ai suivi en stage en Normandie et en Région Parisienne, où ils animaient des stages enfants organisés à l'époque par la commission enfants de la ligue IDF. J'ai suivi ses cours de pédagogie enfant ce qui m'a donné envie de continuer avec les enfants. Je suis intervenu dans des colonies de vacances pour faire découvrir l'Aïkido aux enfants de banlieues en Seine et Marne à Montereau. C’était des durs mais ça se passait bien. Malheureusement, ils sont partis par la suite dans la nature, ils n'ont pas poursuivi en club.

 

AEC : Du coup cela t’a donné envie de continuer à enseigner aux enfants ?

Bernard : Oui complètement. Quand je suis arrivé à Autrans dans le Vercors, j'ai rencontré Daniel Connego et aussi Philippe Goutard et je leur ai demandé pourquoi on n'ouvrirait pas un club enfants au niveau de la ligue. Avec Bernard Moneret et Michel Laurent qui était président de la ligue Rhône Alpes, une section enfant a été créée dans laquelle je suis intervenu durant un certain temps. Par la suite j'ai créé un club à Autrans.

 

AEC : Et tu as ouvert d’autres clubs par la suite ?

Bernard : Depuis 1991, j'habite dans le Vercors, je pratique depuis cette date à l'Aïkido Club de Meylan dirigé par Phillipe Goutard. J'ai créé de nouveau un club en 1992 à Villard de Lans au sein de la MJC (section adultes et enfants). Puis en 2000, j’ai créé un club autonome à Lans dans le Vercors, l’Aïkido-club des 4 Montagnes. J'ai maintenant passé le relais à un de mes anciens élèves, je continue la pratique au club de Meylan (club où j'ai présenté le 3ème (1999) et 4ème dan (2006)).

Parallèlement à cette pratique, j'ai créé sur la Commune d'Autrans un stage annuel, qui en 2018 verra sa 34ème édition organisée sous la direction de Bernard Palmier 7ème Dan Shihan.

Depuis l'année 2012 j'ai ouvert une nouvelle section Activité découverte de l'Aïki-taiso, Aïkido et Qi-Qong au club des Séniors du village d'Autrans. L’âge moyen des participants va de 65 à 80 ans.

 

AEC : On peut dire que tu es un véritable ambassadeur de la pratique ! Et à côté tu pratiques d’autres activités sportives ?

Bernard : J'ai aussi pratiqué d'autres activités physiques, résidant à la montagne, j'ai renoué avec le ski de fond plus régulièrement ainsi que l'escalade et l'alpinisme.

Les sports de pleine nature sont complémentaires avec les activités en salle, la montagne apporte cette plénitude. Le ski de fond c'est l'effort solitaire avec comme partenaire la nature et les aléas du terrain. L'escalade et l'Aïkido c'est l'engagement avec un partenaire en alternance. L'Aïkido c'est le contact, l'esquive, la fluidité avec aussi un partenaire. En escalade le contact est différent mais il existe, du fait de la corde qui relie les deux partenaires. Personnellement je pense qu'il existe une similitude entre la pratique de l'Aïkido et celle de l'escalade.

 

AEC : Peux-tu en dire un peu plus à propos de cette similitude ?

Bernard : En avançant dans l'âge, je constate que par rapport à la plupart des personnes que je rencontre, l'Aïkido m'a permis de conserver de la souplesse et une certaine adaptation au déplacement en harmonie avec mon partenaire qu'il soit tori ou uké.

 

AEC : Est que tu as été amené à modifier quelque chose dans ta manière de pratiquer ?

Bernard : Actuellement, tant que je pourrai faire ukémi correctement je n'envisage pas d'arrêter l'Aïkido. J'ai déjà envisagé d'arrêter l'Aïkido, l'échange dans la pratique avec des partenaires beaucoup plus jeunes devient plus difficile, notamment dans les ukémi.

 

AEC : Apparemment, tu penses que si l’on ne chute plus il faudrait arrêter l’Aïkido, pourtant beaucoup de Maîtres Japonais ne chutent plus et continuent d’enseigner. Qu’est-ce que tu en penses ?

Bernard : Le jour où je déciderai de stopper l'Aïkido, je continuerai à pratiquer les armes, ainsi que l'étude d'Arts Martiaux Chinois, Qi-Gong, Taichi.

 

AEC : Qu’est-ce que tu trouves d’intéressant dans L’Aïkido ? Qu’est-ce que cela t’apporte aujourd’hui ?

Bernard : D'expérience, je crois que l'on peut encourager une personne du 3ème âge à découvrir et pratiquer les bases de l'Aïkido tout en tenant compte de sa condition physique. A cet âge avancé, il faut essayer de se convaincre que tout repose sur le mental.

Par contre en prenant des années, un Aïkidoka confirmé peut prolonger sa

pratique à condition de la modifier en fonction des moyens physiques du

présent.

 

AEC : Est-ce que tu aurais pu répondre de la même manière il y a

trente ans ?

Bernard : Ayant 59 ans de pratique des Arts Martiaux, je ne regrette que

d'avoir découvert l'Aïkido un peu tard, ce qui m'aurait peut-être évité

d'avoir des traumatismes dus à la compétition accumulés au Judo.

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