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L’Aïkido sous un autre angle :

l’approche de l’association Sport Cancer Santé

 

Ce texte nous a été proposé par Henri LEROI, médecin, Aïkidoka 3ème dan, président du club Aïkido Arts martiaux Maubeuge.

Calories et Aïkido ?

A notre connaissance (AEC), le calcul de la dépense Ã©nergétique au cours de la pratique de l’Aïkido n’a fait l’objet, à ce jour, d’aucune étude.

L’INSEP possède l’infrastructure 
nécessaire Ã  ce type de recherche. La commission médicale de la FFAAA a demandé à l’INSEP, d’accueillir dans leurs labos des pratiquant(e)s d’Aïkido dans le but de déterminer la valeur de la dépense énergétique.

Cette demande n’a pas reçu de réponse favorable de la direction de l’INSEP (note AEC).

Il est reconnu depuis longtemps que l'activité physique régulière est associée à un bon état de santé chez le sujet sain: la Grèce antique favorisait l'ouverture de gymnase pour s'entrainer et se baigner; Confucius, en Chine, prônait un style de vie basé sur la simplicité et la maitrise de l'effort grâce à une activité physique régulière.

Toutefois, pendant longtemps les médecins ont conseillé aux malades de se reposer et de « garder le lit Â». Récemment de nombreuses études scientifiques ont démontré l'effet bénéfique d'une activité physique sur les maladies chroniques et plus particulièrement dans la maladie cancéreuse. En 2015, l'Assemblée Nationale a voté un amendement pour que l'activité physique adaptée puisse devenir une prescription médicale. Cette mesure devrait permettre aux médecins traitants de prescrire des activités physiques adaptées aux patients atteints d’infections de longue durée (maladies cardio-vasculaires, cancer, etc.).

 

Le cancer et les traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) vont être responsables d'un déconditionnement physique entrainant une diminution de la performance physique mettant en jeu tous les organes et fonctions (notamment cardio-respiratoire, musculo-squelettique). La diminution de la quantité d’activité physique journalière peut débuter dès l’annonce du cancer et persister tout au long de la prise en charge. Le déconditionnement physique est un amplificateur de vulnérabilité, favorisant la dévalorisation de l’image de soi, la perte de confiance en soi, la dégradation de la qualité de vie, le repli sur soi, etc.

 

Pour les patients atteints de cancer, que ce soit pendant ou après le traitement la pratique d'une activité physique adaptée, régulière avec une intensité suffisante, permet de réduire significativement la fatigue, d’améliorer la qualité de vie, de diminuer les effets secondaires et la toxicité des traitements, et enfin d’augmenter le taux de survie en diminuant le risque de récidive à condition que cette pratique soit régulière, pérenne et atteigne une certaine intensité (4 à 6 met/heure)(1). Actuellement, la commission médicale du CNOSF travaille à l’élaboration d’un dictionnaire à visée médicale des disciplines sportives. La Fédération française des arts énergétiques et martiaux chinois (FAEMC) qui regroupe le Taïchi Chan, le Qi Qong et le Kung Fu apparaît dans la première ébauche de ce dictionnaire. L’Aïkido est absent aussi bien du coté de le FFAB que de la FFAAA.

Les bienfaits psychologiques sont également nombreux: réappropriation du schéma corporel, réconciliation avec son corps, confiance retrouvée, meilleure estime de soi, lutte contre l’isolement créé par la maladie (pratique en groupe). Dans cette optique, la pratique adaptée de l'Aïkido peut être bénéfique au patient.

 

L'association SPORT CANCER SANTE de Sambre Avesnois est une association de loi 1901, née en 2012, dont le but est de promouvoir la pratique de l'activité physique auprès des personnes atteintes de cancer pendant les traitements et dans l'après-cancer en leur permettant de participer à une session de 6 mois encadrée par des professionnels (éducateurs sportifs, infirmières, psychologues, etc.) afin d’en retirer les bienfaits cités plus haut et de leur faire découvrir d'autres activités sportives (Marche nordique, Natation, Aïkido, Karate, etc.), et de pérenniser la pratique d'une activité physique.

 

Catherine LOUVART et Hubert BOUCNIAUX, enseignants au club Aïkido Martiaux Maubeuge (2), ont organisé une session découverte de l’Aïkido. En effet, spontanément de nombreux freins empêchent les patients de s'inscrire dans un club : crainte qu’une activité physique ne produise douleur, blessure et fatigue, peur du mouvement, peur de l’aggravation du cancer ou de ses symptômes comme la douleur, peur d’une moins bonne efficacité des traitements, absence de connaissance du bénéfice attendu.

 

Ces craintes et la méconnaissance des pathologies peuvent également être à l'origine d'une certaine appréhension de la part de nos enseignants. Une réflexion devrait donc être engagée afin d'adapter la promotion, la pratique et l'enseignement aux personnes atteintes de pathologies chroniques.

 

 

Henri LEROI

 

  1. « Met Â» est un acronyme de l’anglais Metabolic Equivalent Task, qui se traduit en français comme « tâche métabolique équivalente », c’est-à-dire la mesure de la dépense énergétique.
     

  2. Le club d’aïkido a été créé en 1979 par Hubert Boucniaux (6ème dan) en tant que section du club de judo du Faubourg de Mons. En 1997, la section aïkido prend son indépendance et devient le club « Aïkido Arts Martiaux Maubeuge Â». L’enseignement est organisé en trois sections: adultes, enfants et « adultes adaptés Â» réunissant une centaine d'adhérents. Les professeurs sont tous diplômés du Brevet d’Etat ou du Brevet Fédéral, et sont bénévoles. Depuis plus de dix ans, nous organisons un stage d'été dirigé par Arnaud Waltz. Nos professeurs participent activement à la vie de la Ligue Nord Pas de Calais (Collège technique régional, examinateur passages de grades dan, stage de ligue, etc.). L'enseignement de l'Aïkido aux personnes atteintes de pathologies constituera, sans doute, un nouveau défi...
     

  3. Le club d’aïkido a été créé en 1979 par Hubert Boucniaux (6ème dan) en tant que section du club de judo du Faubourg de Mons. En 1997, la section aïkido prend son indépendance et devient le club « Aïkido Arts Martiaux Maubeuge Â». L’enseignement est organisé en trois sections: adultes, enfants et « adultes adaptés Â» réunissant une centaine d'adhérents. Les professeurs sont tous diplômés du Brevet d’Etat ou du Brevet Fédéral, et sont bénévoles. Depuis plus de dix ans, nous organisons un stage d'été dirigé par Arnaud Waltz. Nos professeurs participent activement à la vie de la Ligue Nord Pas de Calais (Collège technique régional, examinateur passages de grades dan, stage de ligue, etc.). L'enseignement de l'Aïkido aux personnes atteintes de pathologies constituera, sans doute, un nouveau défi...

 

Compte rendu du cours adapté du 10 11 2015

L’Aïkido chez Sport Cancer Santé

 

Nous avons été sollicités par l’association SPORT CANCER SANTE pour faire découvrir à un groupe de personnes malades notre discipline, dans le but de les amener à pratiquer une activité physique.

Nous avons choisi le créneau horaire correspondant au cours d’initiation adaptée.

Ce cours du mardi de 16h15 à 17h30 est réservé traditionnellement aux personnes plus âgées, aux débutants qui désirent reprendre une activité physique à leur rythme. Ce cours est en quelque sorte un cours tremplin. Des adolescents peuvent aussi y participer, en fonction de leur disponibilité.

Nous avons donc intégré le groupe de l’association SPORT CANCER SANTE composé de onze personnes âgées de 36 ans à 70 ans à ce cours composé de douze aïkidokas (dont quatre encadrants) de différents niveaux et âges.

 

Le cours s’est déroulé de la manière suivante :

 

Accueil des personnes et présentation de notre discipline

 

Hubert Boucniaux a présenté l’Aïkido et expliqué le déroulement de la séance :

  • Le salut,

  • L’échauffement,

  • Pratique du bâton (Jo),

  • Pratique à mains nues,

  • Retour au calme,

  • Le salut de fin du cours,

  • Echanges avec les participants du groupe (ressentis de la séance…).

 

Le salut

Lors du salut, nous avons constaté que la plupart des personnes pouvaient se mettre à genoux. Nous avons conseillé à celles qui ne pouvaient pas de rester debout ou de poser un seul genou au sol.

 

L’échauffement

Lors de l’échauffement, nous avons demandé aux participants de pratiquer doucement et à leur rythme. Des difficultés ont pu être observées au moment où il a fallu basculer les jambes vers l’arrière et revenir en position assise. Pas de souci particulier noté pour les plus jeunes. Toutefois, pour les personnes plus âgées, nous avons remarqué qu’elles tournaient le corps sur le côté une fois au sol et qu’elles s’aidaient des mains pour se rasseoir.

 

Pratique avec le Jo

Lors de la pratique au Jo, nous avons commencé par faire des attaques Tsuki seul, puis face à un partenaire. Le fait de pratiquer sur la cible, ici le partenaire, leur a permis de prendre conscience de la distance. L’exercice a été plutôt bien réussi et les personnes montraient toujours autant d’attention. Hubert a ensuite montré la protection et nous avons enchaîné Tsuki-protection avec un partenaire.

Nous avons remarqué que les personnes utilisaient le Jo pour l’attaque mais pas comme moyen de protection. La coordination des mouvements (au Jo et avec le partenaire) était compliquée à réaliser, mais la plupart des personnes étaient très attentives et montraient beaucoup d’intérêt pour réussir l’exercice.

 

Nous avons terminé la pratique aux armes par des exercices de détente avec le Jo. Ensuite nous avons fait une pause de quelques minutes pour permettre aux personnes de s’hydrater.

 

Pratique à mains nues

Lors de la pratique à mains nues, nous avons commencé par expliquer la chute arrière (poser le genou au sol, épaules vers l’avant, dos rond et basculer sur l’arrière). Nous avons réalisé Katate Dori Tenchi Nage pour mettre en pratique la chute arrière.

 

Nous avons demandé aux aïkidokas présents de pratiquer avec les nouveaux participants du cours et nous avons changé régulièrement de partenaires.

 

Les difficultés rencontrées lors de la chute arrière sont : positionner le genou de telle façon à ne pas s’assoir sur le talon, et conserver les épaules sur l’avant, maintenir le dos rond pour pouvoir se servir des jambes comme balancier. On peut remarquer que le problème se pose à tout âge et qu’en fonction de la raideur des articulations, le problème est d’autant plus accentué. On a remarqué, que quelques personnes posaient la main au sol en même temps que le genou, se laissaient tomber sur le flan et se positionnaient sur le dos.

 

Après cette technique, nous avons proposé d’étudier le déplacement Taïsabaki. Nous avons pratiqué seul et ensuite avec un partenaire sur une attaque Jodan Tsuki (attaque arrêtée).

 

Lorsque le déplacement est réalisé seul, le pivot est souvent fait à l’envers. Avec un partenaire, cela permet de s’orienter, de se repérer dans l’espace.

 

Retour au calme

Nous avons terminé la séance par des exercices d’étirement et de mouvements respiratoires.

 

 

Voici quelques retours d’expérience relevés avant le cours et après le cours.

 

Lorsque l’une des personnes est entrée dans le Dojo : « Non, je me suis trompée, ce n’est pas là Â».

En fin de cours la même personne a affirmé : « Je ne savais pas à quelle sauce j’allais être mangée. J’ai bien aimé ce que nous avons fait Â».

 

« Appréhension du lieu, lieu inconnu Â».

 

« C’était vivant, les déplacements vers l’arrière c’est perturbant ».

 

« Pratiquer avec les autres Aïkidokas, c’est bien, c’est rassurant et cela permet de nous aider».

 

« Il n’y a pas de problème, même quand on pratique avec quelqu’un de plus grand Â».

« J’ai bien aimé le déplacement. Il n’y a pas de confrontation Â».

 

« C’est un retour aux vraies valeurs Â».

 

« On sent bien qu’il y a du physique et du mental. C’est un sport qui fait fonctionner tout le corps Â».

 

Lors de cette séance particulière, nous avons ressenti en tant qu’enseignants un moment de partage entre les aïkidokas et le groupe extérieur. Les aïkidokas étaient pour la plupart des débutants dont certains n’avaient que quelques mois de pratique. Ils ont réussi à aider l’équipe enseignante en amenant de la confiance au sein du groupe. Cela nous a permis d’obtenir une cohésion malgré les différences de capacité physique, d’âge etc. Nous avons eu l’impression de faire cours à des débutants qui avaient envie d’apprendre. Nous sommes tous très contents de cette expérience et allons certainement renouveler cette action à l’avenir.

 

Catherine LOUVART

Enseignante 3ème dan BF

 

Témoignage


La mixité d'âge, les divers niveaux présents (expérimentés à débutants), les gabarits différents les exercices présentés (accessibles à tous) semblent avoir été des éléments positifs (tout un chacun peut s'initier) ainsi que le ludique. Chacun s'adaptait à l'autre (quel que soit les différences : taille, corpulence, etc.) et le fait de constituer des binômes différents (rencontrer les autres, diversifier les expériences) ont contribué à enrichir les répertoires et éviter les automatismes.

 

La présence d'un peu de ludique est appréciable et facilite ces dialogues de « gestes Â». Bien sûr, ce qui est propre à la discipline (orientation dans l'espace, sport-duel, approche de l'espace arrière, contact... procurent des sensations propres à chacun, certains y trouveront ce qui leur correspond d'autres non…).

 

Souvent les séniors (ayant eu ou non des cancers ou autres pathologies) subissent la solitude, l’Aïkido permet en  Â« dialoguant Â»  avec l'autre par l'expression du corps, de rompre un peu cet isolement (et de niveler les différences culturelles : langage corporel) mais le fait également de toucher (sensation tactile) est important pour les séniors, la préhension (faire travailler les extrémités pieds, mains) aussi par les prises, l'apprentissage des chutes  permet de relativiser les problèmes d'équilibres liés à l'âge.

 

Une certaine convivialité a, me semble-t-il, été présente qu'apprécient souvent les personnes âgée (solitude, dépression...). Ces pathologies restent liées à l'âge que la personne ait été atteinte du cancer ou pas, s'ajoutent les pathologies liées aux divers types de cancer.

 

Après certainement des thématiques vont être envisagées face à ce public sénior : dans chaque séance retrouver un peu de souplesse, mobilité, etc. Avec un objectif primaire pour chaque séance, etc. Â»

 

Odile

 

Odile est éducatrice sportive de la ville de Maubeuge et chargée des cours d'activité physique adaptée du SPORT CANCER SAMBRE AVESNOIS. Elle suit actuellement les cours du diplôme universitaire "Sport et Cancer" organisé par l'Université de médecine Paris 13.

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