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Rencontres

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Découverte de l’Aïkido par un public sénior

_Par Michel Lapierre & Arnaud Waltz

Ce stage a eu pour objectif de faire découvrir l’Aïkido à un public senior, en allant au-delà des clichés souvent attribués aux arts martiaux. L’approche utilisée a donc été de décomposer ce stage en 4 ateliers, animés par 4 pratiquants différents : échauffement avec Marcel (4e Dan), initiation au Jo avec Arnaud (6e Dan), initiation aux techniques à mains nues avec Michel (5e Dan), relaxation au Shiatsu avec Bruno (4e Dan). Ce stage découverte a donné lieu à de vrais échanges et permis un apprentissage mutuel entre initiés et enseignants. 

Ce que les seniors ont découvert et appris…

 

  • Se déplacer, à combiner et coordonner des déplacements

  • Enchaîner des gestes pour construire les techniques

  • Gérer les chutes

  • Travailler à deux, écouter, s’accorder etc.

 

Qu’est-ce qu’ils apprennent ? 

 

  • Se concentrer ; la concentration étant primordiale
    pendant les démonstrations et les apprentissages

  • L’ouverture aux autres 

  • Susciter l’envie de savoir et l’envie d’apprendre… 

sommaire

 

 

Echauffement : 10 mn (Marcel)

 

  • Aiki Taïso

  • Tori Fune, « exercice du rameur »

echauffement

 

 

Initiation au Jo : 20 mn (Arnaud)

 

   1     Manipulation du Jo seul pour terminer l’échauffement et se familiariser avec le Jo.

initiation jo

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : se familiariser à la manipulation du Jo à partir de la reproduction de séquences gestuelles, moins apparentées au travail de Jo proprement dit.
Il s’agissait de réaliser de simples mouvements de jonglage type « majorette Â», et des déplacements dans l’espace pouvant évoquer des frappes. 

 

Démonstration/Identification des mouvements : mobiliser le Jo sans le faire tomber et sans se faire mal, en essayant de reproduire les gestes que nous montrons.

 

Consignes particulières données : 

 

  • Précisions sur la tenue en main,

  • Travailler à son rythme tout en restant à l’écoute de son corps.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Enchaînements de gestes pour déplacer le Jo dans l’espace proche,

  • Fixer leur attention sur la démonstration,

  • Mémoriser la séquence gestuelle afin de la reproduire,

  • Mettre en relation les parties gauche et droite du corps.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

Tous les pratiquants ont fait preuve d’une grande capacité d’écoute et de concentration. Toutefois, nous avons pu observer que les pratiquants les plus âgés ont plus de difficulté à reproduire les séquences gestuelles à cause d’une mobilité articulaire moins performante que les plus jeunes.

 

 

   2     Apprentissage de l’attaque Chudan Tsuki : 
Travail à distance de garde à deux. Uke attaque et Tori sert de cible statique.

    

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : Ãªtre capable de porter une attaque Chudan Tsuki sur une cible fixe.

 

Démonstration/Identification des mouvements :

 

  • Pour Tori, jambe gauche en avant, il s’agit d’ouvrir sa garde en déplaçant le Jo
    largement sur la gauche.

  • Pour Uke, il s’agit de déplacer le Jo d’avant en arrière puis d’arrière en avant
    tout en avançant pour venir toucher le ventre de Tori.

 

Consignes particulières données : 

 

  • Préciser que le Jo doit glisser d’une main dans l’autre.

  • Rappeler aux pratiquants qu’ils ont le temps d’attaquer et que l’objectif principal
    est d’arriver sur la cible en conservant son équilibre.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Pour Uke : enchaîner une séquence gestuelle avec un déplacement pour construire l’attaque.

  • Pour Tori : observer l’action de son partenaire pour se familiariser avec l’attaque.

  • Pour travailler à deux, il faut s’écouter et s’accorder.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

Nous avons eu l’impression que les élèves « sur-jouaient Â» leur rôle. Tori ouvrait très largement pour faciliter l’attaque de Uke, pendant que ce dernier exagérait l’amplitude de l’attaque pour bien la signaler et ne pas mettre son partenaire en danger. La notion de mise en danger d’autrui ne semblait pas avoir de sens pour eux.

 

 

   3     Chudan Tsuki / parade.

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : Ãªtre capable d’éviter d’être touché.

 

Démonstration/Identification des mouvements : se déplacer et se placer pour éviter une attaque Chudan Tsuki puis prendre un contact avec le Jo de son partenaire pour identifier clairement sa position par rapport à lui.

 

Consignes particulières données :

 

Pour Tori :

  • ouvrir sa garde sur la gauche comme dans la situation précédente. 

  • se déplacer vers la droite au moment où Uke attaque la cible. 

  • se stabiliser et prendre un contact avec le Jo de son partenaire et maintenir cette posture au moins deux secondes de manière équilibrée.

 

Pour Uke :

  • les consignes sont les mêmes que dans la situation précédente.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Se déplacer et se placer en faisant attention à s’accorder mutuellement.

  • Respecter la chronologie des actions pour construire la technique à deux.

  • Travailler tous les deux à la même vitesse.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

La notion de confrontation entre les partenaires est totalement absente. Nous avons pu constater que si l’un ou l’autre cherchait à mettre son partenaire en difficulté, c’était toujours sous forme de jeu et de plaisanterie. Il s’agissait davantage de faire plaisir à l’autre, plutôt que de rechercher à le surpasser ou bien le mettre en difficulté.

 

 

   4    Chudan Tsuki / parade / contre en Chudan Tsuki. 

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : Ãªtre capable de riposter.

 

Démonstration/Identification des mouvements : pour Tori, enchaîner une attaque Chudan Tsuki à la suite d’une esquive suivie d’une parade.

 

Consignes particulières données :

 

  • Lorsque l’élève est placé en parade il doit passer son Jo sous celui de son partenaire pour venir le toucher sur le flanc gauche.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Se déplacer et se placer en faisant attention à s’accorder mutuellement.

  • Respecter la chronologie des actions pour construire la technique à deux.

  • Travailler tous les deux à la même vitesse.

  • Contrôler ses actions pour ne pas faire mal ou se faire mal.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

La dimension chorégraphique semble avoir plus de sens que celle de riposte proprement dite.

 

 

 

   5    Chudan Tsuki/ contrôle en Yoko Gedan Baraï .

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : Ãªtre capable riposter. 

 

Démonstration/Identification des mouvements : pour Tori, avec le Jo, aller toucher les jambes de l’attaquant en construisant une trajectoire circulaire qui passe au-dessus de sa propre tête avant de venir sur la cible.

 

Consignes particulières données :

 

  • Il faut changer la position des mains sur le Jo pour réaliser sa rotation au-dessus de la tête.

  • Dans le même temps qu’on modifie le placement des mains, l’élève doit inverser le placement
    des jambes.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Coordonner le travail du train supérieur avec celui du train inférieur.

  • Contrôler son action pour ne pas blesser son partenaire.

 

Qu’avons nous avons appris ?

 

Pour nos élèves, cette situation a été difficile à réaliser. Les problèmes mécaniques liés à des douleurs articulaires s’ajoutaient aux problèmes de coordination, ce qui rendait l’exercice difficile pour la majorité des élèves. La plupart d’entre eux sortaient du cadre du prescrit pour rester dans l’action. Â« Si c’est difficile, je ne renonce pas, je fais autre chose Â».

 

Travail à mains nues : 20 mn (Michel)

 

   1    Travail des déplacements Irimi et Tenkan.

    

 

 

 

 

 

 

 

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : pour Tori engagement du corps pour s’approcher de son partenaire.

 

Ce qu'il y a à faire : Ã  partir d'un point fixe se déplacer vers un espace proche du partenaire.

 

Consignes particulières données :

 

  • Déplacement linéaire et rotation à partir d'un engagement de la hanche.

  • Le haut du corps s’organise autour d’un axe vertical. D

  • Déplacements glissés favorisant le contrôle du déséquilibre.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Se déplacer vers l’avant et effectuer un pivot à 180° en restant équilibré

 

Qu’avons-nous appris ?

 

Nous avons pu observer des difficultés à se stabiliser en fin de mouvement, probablement du fait que le haut du corps était trop engagé vers l’avant et que les élèves manquaient de repères visuels (point fixe) lors du pivot.

 

 

   2    Travail des chutes arrière seul.

 

mains nues

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : préserver son intégrité physique dans le rôle d'Uke.

 

Démonstration/Identification des mouvements : se rapprocher du sol en roulant en arrière.

 

Consignes particulières données :

 

  • Basculer le corps sur la jambe avant, puis poser le  pied arrière et le genou au sol

  • s'asseoir en décalant le pied, les avant-bras prenant le contact avec le sol

  • Basculer sur le dos en rentrant la tête

  • Rechercher son équilibre autour de son centre de gravité (hara).

 

Qu’ont-ils appris ?

 

A mobiliser le corps vers l’arrière sans repères visuels et développer une conscience du placement du corps susceptible de leur permettre de rouler en arrière en toute sécurité.

 

Qu’avons nous appris ? 

 

Nous avons constaté que les élèves seniors ont eu du mal à maintenir le poids de leur corps sur la jambe avant pour dégager la jambe arrière. Toutefois, la chute arrière a été possible pour ceux qui arrivaient à contrôler le déséquilibre du corps en s’aidant des mains pour arriver au sol.

 

 

   3    Familiarisation avec la saisie Katate Dori.

 

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : rencontrer le partenaire à partir d'une saisie.

 

Démonstration/Identification des mouvements : à partir d'une distance préétablie saisir le partenaire en conservant une distance de garde permettant de conserver son intégrité.

 

Consignes particulières données :  

 

  • Avancer la jambe arrière, puis saisir le poignet en gardant une position verticale (alignement tête/tronc/hanche) avec un placement de 30° par rapport au partenaire.

  • La saisie doit être ferme, sans raideur, les épaules basses, jambe avant fléchie et jambe arrière tendue.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

En maintenant la verticalité, ils ont compris qu’il fallait engager le bassin pour effectuer une saisie
dans une distance juste.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

L’apprentissage des déplacements chez les seniors doit passer par des exercices préliminaires.
Il faut prendre le temps de construire chacune des phases de la construction d’une technique. 

Nous avons remarqué qu’une méthode analytique d’apprentissage semblait faciliter leur apprentissage. Par exemple, préciser la chronologie de mise en jeu des groupes articulaires dans l’élaboration des séquences gestuelles nouvelles. 

 

 

   4    Application des déplacements : 

Irimi et Tenkan sur un contact en garde Gyaku Anmi.

 

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : en partant d'une position de garde Aï Hanmi, sortir de la ligne d'attaque tout en conservant le contact avec son partenaire.

 

Démonstration/Identification des mouvements : avancer vers le partenaire jusqu'au contact puis exécuter une rotation de façon à se retrouver sur l'extérieur, parallèle à celui-ci.

 

Consignes particulières données :

 

  • Partir d'un contact Aï Hanmi, puis léger retrait du corps (pas chassé).

  • Avancer franchement la jambe arrière puis pivoter sur la jambe avant de 180°.

  • Placement du corps légèrement en retrait du partenaire, contact pris au niveau des avant-bras, placement à 30° par rapport au partenaire, jambe avant fléchie, jambe arrière tendue,
    pied avant légèrement ouvert.

  • Au cours de ce déplacement, on doit chercher à rencontrer sans repousser ni s'appuyer
    sur le partenaire.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

  • Calculer une distance

  • Établir un contact

  • Ajuster un placement dans un enchaînement de déplacements.

 

Qu’avons-nous appris ?

 

Nous avons constaté que cet exercice semblait complexe pour eux. La nécessité d’enchainer des mouvements les a conduits à produire des erreurs qui n’apparaissaient pas lors de l’exécution des phases précédentes, qui étaient plus analytiques. Les difficultés qu’ils ont rencontrées sont venues confirmer le fait que la proposition d’une situation globale était trop difficile à réaliser pour eux.
Le passage par l’analytique semble donc être véritablement une option didactique intéressante pour ce public.

 

 

   5    Katate Dori : Tenchi Nage.

 

 

Description de la situation :

 

Objectif de la situation : se dégager d'une saisie et conduire son partenaire au sol.

 

Démonstration/Identification des mouvements : utiliser la saisie  pour déséquilibrer le partenaire sur le plan vertical et horizontal.

 

Consignes particulières données :

 

  • Se décaler du côté de la main saisie, en se rapprochant du partenaire pieds joints

  • fléchir sur les jambes, la main saisie prend la direction du bas et la main libre celle du haut

  • Avancer la jambe intérieure en engageant le corps sur l'avant puis redescendre le bras libre pour conduire le partenaire à la chute.

 

Qu’ont-ils appris ?

 

A se déplacer pour déséquilibrer Uke et diviser les points d’appuis pour obtenir un avantage sur Uke sans utiliser plus de force que nécessaire ni entrer dans une opposition frontale (principe de non opposition).

 

Qu’avons-nous appris ?

 

Dans cette technique, nous avons noté que les élèves ont eu tendance à s’enfermer sur le travail des bras. Pour Uke, saisir produit de la raideur, ce qui a gêné la réalisation de la suite de la technique. Débuter sur un contact plutôt qu’une saisie favoriserait la mobilité et l’apprentissage du sens de la 

technique.

 

 

Retour au calme
Shiatsu : 15 mn
(Bruno)

 

Pour conclure ce stage, nous avons proposé de faire des étirements de méridiens,

pour permettre à nos seniors de se sentir détendu le reste de la journée.

 

shiatsu

 

 

Exercice 1 : retirer les tensions

 

Sur cette image, la personne qui fait l’étirement (à gauche) vient tenir les chevilles de son partenaire avec le pouce et l’index au niveau du tendon d’Achille et se laisse aller en arrière.
Ceci permet aux deux partenaires de s’étirer et de remettre le corps en alignement.
Deux méridiens passent de chaque côté du tendon : celui de la vessie et celui du rein.

 

Le partenaire assis colle les pieds de la personne allongée sur son Hara et fait des petits balancements (Kembiki) d’avant en arrière puis sur le côté. Cela permet de relâcher le corps et l’esprit après la pratique d’activité physique.

 

 

 

Le partenaire assis regroupe les genoux de son binôme pour faire des rotations de gauche à droite, puis des balancements latéraux. Ce mouvement permet de libérer les lombaires. Les balancements étirent le méridien de la vésicule biliaire, souvent responsable des sciatiques.


Exercice 2 : travail sur le dos 

 

Le partenaire à genoux vient poser ses deux mains sur le dos de son partenaire sans toucher la colonne vertébrale. En utilisant son Hara, il déplace les mains tout au long du dos en effectuant des pressions successives. Cela donne la sensation d’être bercé et décontracte les dorsales. Ici, c’est le méridien de la vessie qui est sollicité. Quand ce méridien est bien équilibré, il permet d’avoir envie d’aller de l’avant (impulsion).

vu par les seniors

L’Aïkido vu par
des séniors débutants

 

Depuis sa création, l’association AEC souhaite partager et faire partager la pratique de l’Aïkido, et casser les aprioris de cette activité que l’on croit peu accessible. Pour ce faire, AEC organise des stages pour créer des rencontres. Le 3 mai dernier, AEC a souhaité faire découvrir l’Aïkido à un public senior (+ 65 ans) et totalement débutant (pratique de l’Aïkido = 0), pour s’enrichir du regard, à la fois expérimenté et neuf, de ses ainés. Voici les échanges et les controverses que nous avons tirés de cette expérience riche d’enseignement...

 

Les femmes, plus curieuses ou plus courageuses ?

 

Pour cette séance d’initiation, nous étions ravis d’accueillir un groupe constitué de 11 seniors débutants : cinq dames venues du club de gymnastique féminine de la ville d’Aubervilliers (l’une d’entre elles avait 89 ans, la doyenne du stage), quatre dames pratiquant le Taïchi et/ou le Shiatsu, et deux messieurs pratiquant l’escalade et la randonnée pédestre. L’appréhension s’est rapidement effacée, une fois l’échauffement démarré, pour laisser place à une concentration maximale pendant le travail au Jo et celui des techniques à mains nues. Quelques chutes plus tard, vient le moment de détente au Shiatsu. Une fois nos seniors débutants relaxés, nous avons voulu échanger sur leur perception de l’Aïkido et leur motivation à venir pratiquer.

 

 

L’envie de découvrir avant tout

 

Dans un premier temps, nos débutants du jour étaient mobilisés par l’envie de découvrir des choses nouvelles. Pour les uns c’est la curiosité qui les a conduits à venir essayer, pour d’autres c’est l’envie de compléter leurs connaissances initiales. Certains connaissaient déjà l’Aïkido mais pensaient que ce n’était pas une discipline pour eux.

 

« Nous sommes venus pour découvrir un sport inconnu. Â»

 

« C’est la curiosité qui nous a guidés. Â»

 

« Moi je connaissais l’Aïkido par ce que je pratique le Taïchi et le Shiatsu c’est Japonais, c’est la même famille et je voulais compléter ma formation, en savoir plus. Â»

 

« Moi je connaissais l’Aïkido mais je pensais que c’était pour les enfants. Â»

 

 

Comparaisons et compréhension

 

Après quelques comparaisons avec le Judo et le Taïchi, où certains évoquent la dimension self-défense de l’Aïkido, nos seniors débutants nous ont interrogés sur cette discipline nouvellement découverte. Tenue, grades, relations etc… Tout y passe. La tenue vestimentaire semble importante, le port du hakama intrigue et marque une différence avec le Judo et le Taïchi. Autre point de distinction : l’absence de compétition, qui soulève la question sur l’évaluation des acquis.

 

« Les vêtements c’est comme en Judo. Â»

 

« Cela rappelle le Taïchi Â».

 

« C’est pour se défendre Â».

 

« La jupe noire ça sert à quoi ? Â»

 

« Puisqu’il n’y a pas de compétition est-ce que vous avez quand même des grades en Aïkido ? Â».

 

 

Echanger pour construire

 

Les caractéristiques d’une construction technique faite de coopération, dans un climat de respect mutuel, est largement développée dans leur témoignages. Pour nos seniors débutants, il ne fait aucun doute que l’Aïkido ne vise pas comme d’autres activités de combat de se défaire d’un adversaire mais tout au contraire d’entretenir une relation avec son partenaire.

 

« On dirait des danseurs. Il n’y a pas de violence, beaucoup de souplesse Â»

 

« C’est le respect de l’autre, l’écoute de l’autre… C’est le contact avec l’autre, pur, respectueux et agréable Â»

 

« Il y a comme un fil magnétique qui permet le contact avec l’autre… En Taïchi ce n’est pas le même contact… C’est différent, en Aïkido la saisie est collée, sans violence Â».

 

En comparant la pratique de la gymnastique avec celle de l’Aïkido ils ont constaté un autre rapport au corps, une nouvelle manière de concevoir et de vivre l’activité physique qui les a un peu surpris. Ils ont découvert que l’on pouvait pratiquer un art martial sans se faire mal. Cependant, ils ont pris conscience que le corps travaillait et que même si la fatigue n’était pas ressentie sur le moment, les effets se manifesteraient plus tard.

 

« La gymnastique c’est lassant… Là on sent qu’on travaille le corps… Les muscles sont moins sollicités, c’est plus la souplesse â€¦ L’Aïkido c’est moins fatiguant que la gymnastique… A la gymnastique on sort mouillée, là non Â».

 

« On travaille plus en souplesse et en douceur… On ressent une fatigue générale, il n’y a pas de douleur Â».

 

« Ce n’est pas parce qu’on n’est pas fatigué qu’on ne ressentira pas les effets plus tard… On risque d’avoir des courbatures parce que ce n’est pas les mêmes muscles qui travaillent Â».

 

Une des principales craintes de nos seniors débutants était l’apprentissage des chutes.

Au cours de la séance, la méthode proposée leur permettant de chuter en toute sécurité, a réussi à modifier leur représentation de la chute. Ils ont compris que chuter pouvait s’apprendre même si c’était plus difficile à leur âge, notamment lorsqu’ils ne peuvent pas « le faire avec un partenaire plus fort [qu’eux] Â», craignant de ne pas pouvoir y arriver. Leurs remarques nous ont fait comprendre que notre petit groupe avait confiance en leur capacité d’apprentissage à condition d’avoir un partenaire capable de les guider et de leur montrer les mouvements à réaliser.

 

« Les chutes c’est la crainte qu’on a dès le départ… En Taïchi on se dégage on ne chute pas… On a un peu l’appréhension de la chute Â».

 

« On se rend compte que c’est doux et on s’enroule Â».

 

Quand ils ont évoqué plus précisément le travail au Jo, les seniors débutants nous ont confiés qu’ils ne sont pas habitués à ce travail. L’enchainement des actions motrices leur semble au premier abord difficile.

 

« C’est compliqué… C’est plus compliqué qu’il n’y paraît quand on le voit… Il faut beaucoup de concentration, ça fait travailler les neurones… Il faut se concentrer pour savoir quand on démarre tel bras, telle jambe Â».

 

En ce qui concerne le travail sur la saisie Katate Dori, le contact directe avec le corps du partenaire est source de nouvelles sensations, très différentes de celles qu’ils ont ressenties au Jo et les phases de chutes arrière où leurs abdominaux étaient plus sollicités. Ici, l’une des principales difficultés était de garder l’équilibre.

 

« Il faut garder l’équilibre… On travaille le centre de gravité… C’est plus les hanches qui travaillent pour les déplacements Â».

 

Pour ces seniors débutants, la pratique de l’Aïkido nécessite beaucoup de « concentration, synchronisation, mémorisation des gestes Â». Il s’agit à la fois d’un travail rigoureux, qui demande des enseignants un accompagnement fort pour réussir.

 

« Il faut du travail, beaucoup de travail Â»

 

« La crainte est de savoir si on y arrivera un jour Â»

 

 

Pratiquer pour échanger

 

Pour conclure, nous leur avons demandé quel serait l’intérêt pour un senior de pratiquer l’Aïkido. La réponse était unanime : l’échange avec l’autre. Au-delà de simples échanges verbaux, pouvoir entrer en communication avec l’autre au cours d’un dialogue corporel leur a semblé nouveau et intéressant. En termes de bénéfices physiques, ces seniors débutants pensent pouvoir « conserver une certaine souplesse » sur le long terme. L’Aïkido est maintenant devenu pour eux, une activité qu’ils pourraient poursuivre.

 

« Bouger avec l’autre… Toucher et être touché sans violence… C’est le respect de l’autre, le contact de l’autre Â»

 

 

Nous espérons que ces témoignages vous auront autant intéressé que nous et qu’ils vous donneront l’envie d’en découvrir plus et de vous diriger vers un enseignement de l’Aïkido pour un public senior.

 

L’équipe d’AEC.

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