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Aïkido Echange & Controverse : Comment en es-tu arrivé
à pratiquer l’Aïkido ?

 

Michel Lapierre : Mon jeune frère avait débuté l'Aïkido en 1970
au Judo Club de La Courneuve. Un jour, par curiosité, je l'ai
accompagné et j'ai eu la chance d'assister, ce jour-là, à une
démonstration de sabre d'un maître japonais.

 

C'était pour moi impressionnant, surtout qu'à cette époque les films d'arts martiaux « made in Hong Kong » arrivaient peu à peu en France, et on adorait tous refaire certaines actions de ces films à la sortie des cinémas de quartier. Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai eu envie de pratiquer un art Martial.

 

A mes débuts, je pratiquais dans un club près de chez moi à St Denis. Le professeur, monsieur Véron, était un ancien judoka, et pratiquait l'Aïkido au Dojo de la Banque de France. C'était plus de l'Aïki/jutsu, très statique avec un Uke très complaisant. A cette époque, je ne saisissais pas encore complètement la « philosophie » de la pratique, mais j'ai continué à suivre l'enseignement dispensé dans ce club, et ce pendant un an. Par la suite, j'ai entendu parler d'un club d'Aïkido situé à Aubervilliers. Alors, avec un copain, on est allé assister à un cours donné par Arnaud Waltz, et j'y suis resté !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AEC : Pratiques-tu toujours ou bien as-tu pratiqué d’autres activités physiques ?

 

ML : Je pratique et j’ai toujours pratiqué d’autres activités physiques. Avant, le virus de la course à pied me faisait courir deux à trois fois par semaine, et ce pendant une bonne trentaine d'années. J'ai également pratiqué un peu de Boxe Thaï avec Arnaud, qui s'entrainait au Belloni-Gym à Montreuil. La course à pied et le suwari waza ont eu raison de mes ménisques, et donc je ne courre malheureusement plus. Aujourd’hui, je nage deux fois par semaine, je fais un peu de vélo et quelques exercices journaliers.

 

AEC : Que recherchais-tu dans la pratique des activités physiques ?

 

ML : Je recherchais un moyen de me détendre et de me dépenser. La pratique de l'Aïkido me fatiguait un peu, mais je sortais du cours toujours aussi énergique, alors qu'après une heure de footing j'étais bien plus détendu. Cette sensation de bien-être que l’on ressent après s’être bien dépensé, comme après une course, de par la création d'endorphine, je ne la retrouvais nulle part ! Je me rappelle, qu'avant les cours du soir de Christian Tissier, on allait courir une heure au bois de Vincennes, je pense qu'on était un peu fou !

 

C'est bête à dire, mais je me suis demandé comment j'allais faire si je ne courrais plus. Avec la natation, je retrouve un peu les mêmes sensations qu’à la course à pied. Par ailleurs, la nage me permet de travailler d’autres aspects physiques et de manière moins traumatisante. Par exemple, le crawl demande une bonne coordination des mouvements. Et l’absence de choc et l'amplitude des mouvements soulagent mes articulations, qui sont bien sollicitées à l'Aïkido.

 

AEC : Qu’est-ce qui t’a le plus branché dans la pratique de l’Aïkido ?

 

ML : Je dirais que c’est l’échange, que l’on a sur le tatami avec ses partenaires, mais aussi en dehors du Dojo, là où les partenaires deviennent des copains ; échange qui mène vers une progression continue. Lorsqu’on débute, comme une éponge, on absorbe et on applique. Avec la pratique, on continue à apprendre et échanger avec l’autre pour progresser. Vient ensuite le moment où la progression se traduit par la transmission et le partage de ses acquis, mais aussi la révision de ses acquis. Depuis que j’enseigne, j’ai eu la chance et l’opportunité de réadapter ma pratique, grâce aux retours et aux échanges que j’aie pu avoir avec mes élèves. En Aïkido, j’ai appris que c’était en se remettant en question que l’on avançait. Rester ouvert d’esprit et être capable de s’adapter / se réadapter à l’autre sont sans doute les clés pour rendre les échanges que l’on a en Aïkido toujours plus enrichissant. Un peu comme dans la vie ! 

 

Mais le vrai déclic qui m’a fait m’intéresser à l’Aïkido, c’est le moment où je suis arrivé au Club Municipal d’Aubervilliers (CMA) ; c’est là que j’aie découvert un autre style de pratique, celui d'Arnaud, un style vraiment différent de ce que j’avais pu voir jusque-là. Arnaud dégageait – et dégage toujours d’ailleurs – de l'énergie et de la puissance dans sa façon de pratiquer. A mes débuts la notion de fluidité et d'utilisation de la force de l'adversaire ne me préoccupait pas le moins du monde, je pratiquais pour dépenser mon énergie. Quand j’ai commencé au CMA, Arnaud allait depuis peu au club de Vincennes, suivre les cours de Christian Tissier. Il partageait avec nous ce qu’il avait appris, c’était un enrichissement continu. Et cet enrichissement allait même au-delà des frontières ! A cette époque, Arnaud intervenant en Belgique, naturellement je l’ai suivi. C’était génial ! Fidèles à leur légendaire savoir-vivre, les soirées étaient festives et les nuits très courtes ! 

 

Bien sûr, au-delà de la pratique, il y a le côté convivial, bandes de copains, c’est quelque chose de formidable !

 

AEC : Qu’as-tu modifié dans ta pratique au cours du temps ?

 

ML : Je dirais que le temps a fait son travail. J'arrive à la limite de mes capacités physiques, mon corps commence à m'envoyer des informations, tout ça me fait réfléchir ! Aussi, je pense que la manière de pratiquer évolue entre le moment où l’on découvre l’activité, et le moment où l’on pratique réellement l’Aïkido. La première fois qu’on m’a confié l’animation d’un cours, c’est là je crois, que j’ai commencé l’Aïkido ; c’est-à-dire à prendre la pratique plus sérieusement, et ne plus la considérer comme un simple loisir. C’était devenu une réelle activité d’épanouissement pour moi.

 

Je vois bien vers où me diriger, mes professeurs m'ont enseigné tout ce dont j'avais besoin, ils m'ont mis sur le chemin, maintenant c'est à moi de poursuivre en m'appuyant sur ce travail. Le retour dans les bases que m'a enseigné Christian Tissier m'aide beaucoup dans mes recherches.

 

Cela m'a fait comprendre beaucoup de choses, et notamment qu'il est important de mettre en place les principes qui structurent la pratique. Et puis continuer à être « Uke » (même si ce n’est pas toujours facile avec tout le monde) me semble indispensable pour garder le contact avec « Tori » et continuer à progresser.

 

10 questions à un jeune sénior 

_Par Michel Lapierre
Novembre 2014

AEC : Aujourd’hui, que t’apporte ta pratique?

 

ML : J'ai toujours autant de plaisir à pratiquer ; la dynamique, la fluidité, l'économie et la recherche du geste juste sont des sensations enrichissantes. J'aime cette sensation de glisse, de centre de gravité en mouvement où nous alternons équilibre et déséquilibre dans une certaine stabilité. Et puis intellectuellement savoir qu'il n'y a pas de fin, qu'on peut toujours avancer est un concept de progression continue qui me plait.

 

Côté humain, la pratique de l'Aïkido me fait rencontrer des personnes de milieux et d'âges différents, un véritable pied de nez au vieillissement !

 

En résumé, l’Aïkido me permet de prendre du recul, de me remettre en question, désapprendre ce que j’ai appris – même à mon âge ! –, reconsidérer mes acquis grâce aux échanges liés à la pratique.

 

AEC : Vers quelle activité te dirigerais-tu si tu décidais d’arrêter l’Aïkido?

 

ML : Je ne vais pas attendre d'en arriver là, actuellement je suis dans la recherche inverse, comment faire pour que cela dure et ce, dans les meilleures conditions de pratique, de bien-être et de plaisir. Bien que l'Aïkido se suffise à lui-même, je crois qu'il est intéressant d'avoir une recherche personnelle auprès d'activités parallèles (shiatsu, yoga, taïso, tai-chi, méditation, etc.) qui proposent de travailler plus en profondeur, en interne, la respiration, le relâchement. Pas question pour autant de mélanger les disciplines ; les possibilités que nous offre l'Aïkido sont infinies, à chacun de trouver la suite de son parcours.

 

AEC : Quels conseils donner à un(e) pratiquant(e) sénior(e) qui envisagerait de débuter l’Aïkido?

 

ML : Dans la majorité des cas, le(a) senior(e) qui débuterait l'Aïkido aurait déjà pratiqué une ou plusieurs activités physiques au cours de sa vie, il/elle connait donc ses capacités et ses limites physiques. Il/Elle a une certaine maîtrise de ses gestes, ce qui est déjà un bon atout pour commencer l'Aïkido. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si le(a) senior(e) n’avait pas pratiqué d’activité physique avant, je lui conseillerai d’en informer le professeur dès le début du cours lors d’un cours d’essai.

 

Outre les conseils techniques adaptés pour débuter l'Aïkido, la pratique de l’Aïkido par un senior est un conseil en soi, de par les bienfaits apportés tels que le plaisir et le bien-être qu’on en ressent tant sur le plan physique que mental. Sur le plan physique l'utilisation en synergie des groupes musculaires entretien l'équilibre et la maitrise du corps. Sur le plan humain, le partage des valeurs transmises dans l'Aïkido favorise l'épanouissement de soi, et fait de l'Aïkido une activité intergénérationnelle. Dans une société où l'on a tendance à ranger les personnes dans des cases, c'est aussi une excellente raison de pratiquer l'Aïkido !

 

AEC : Quels conseils donner à un(e) pratiquant(e) sénior(e) confirmé(e) qui envisagerait d’arrêter l’Aïkido ?

 

ML : Dans un premier temps, je l’interrogerais sur les raisons d’une telle décision, à moins que l’arrêt ne soit dû à une contre-indication médicale. Pour moi, l’Aïkido est plus qu’une simple activité physique, c’est pour moi une philosophie qui se traduit par une recherche permanente de l’amélioration de soi par l’échange avec l’autre. Le parcours en Aïkido, notamment celui d’un senior, n'est pas un long fleuve tranquille, on est plus souvent dans le creux de la vague. Et donc l’enseignant doit être capable de proposer des pistes de travail. Quant au pratiquant senior, il doit retrouver des perspectives de progression à travers ces pistes et/ou en participant à des stages animés par d’autres enseignants pour continuer à développer et élargir ses connaissances, sa pratique, et ainsi partager avec d’autres son style d’Aïkido.

 

Aussi, si le senior a des années de pratique au compteur, on a alors dépassé la finalité de la technique. Et donc c'est vers des notions plus subtils comme le De aï qu'il va falloir chercher : rencontre, harmonie. C’est la manière de se rencontrer qui va enrichir notre Aïkido.

 

Ainsi, dans un tel cas, je conseillerais à ce senior d’essayer d’animer un cours avant de décider d’arrêter l’Aïkido. Confier un cours à un pratiquant senior peut aussi être un moteur de progression ; la transmission de connaissances demande de la réflexion, du recul, et donc forcément c'est enrichissant et motivant.

 

AEC : Et si c’était à refaire que changerais-tu ?

 

ML : Difficile à dire... En réfléchissant à cette question, je m’étais dit que peut-être j’appréhenderais l’Aïkido d’une autre manière pour éviter les erreurs que j’ai pu commettre plus jeune à mes débuts. Mais quelque part, ce sont ces erreurs qui m’ont permis d’avancer et de progresser, d’arriver à l’Aïkido que je pratique aujourd’hui. La vie est faite de rencontres qui nous font évoluer. Si j’en suis où j’en suis aujourd’hui c’est par toutes ces rencontres et expériences vécues qui en ont découlées.

 

 

 

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